Project Gutenberg's L'Illustration, No. 3268, 14 Octobre 1905, by Various This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and with almost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away or re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included with this eBook or online at www.gutenberg.org Title: L'Illustration, No. 3268, 14 Octobre 1905 Author: Various Release Date: July 4, 2011 [EBook #36596] Language: French Character set encoding: ISO-8859-1 *** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK L'ILLUSTRATION, NO. 3268, 14 *** Produced by Jeroen Hellingman and Rénald Lévesque
L'Illustration, No. 3268, 14 Octobre 1905
Supplément de ce numéro: L'Illustration théâtrale avec le texte complet de Vers l'Amour, par Léon Gandillot.
LE PRINCE FERDINAND DE
BULGARIE
En visite officielle à Paris du 16 au 19 octobre.
Voir
l'article, page 256.
Nous publions avec ce numéro:
VERS L'AMOUR
Comédie en 5 actes de M. Léon Gandillot, qui vient d'être jouée avec
le plus grand succès au théâtre Antoine.
A la longue liste des oeuvres dramatiques nouvelles que nous avons déjà annoncées dans nos précédents numéros et qui paraîtront successivement dans L'Illustration théâtrale, nous pouvons ajouter aujourd'hui:
RAMUNTCHO, par Pierre Loti, de l'Académie française, qui sera joué à l'Odéon;
LES OBERLÉ, par Edmond Haraucourt, d'après le roman de René Bazin, de l'Académie française, qui sera joué à la Gaîté.
Nous offrirons ainsi à nos lecteurs, au cours de la saison théâtrale, une extraordinaire série d'oeuvres toutes signées des plus grands noms de la littérature française contemporaine.
On recommence à se disputer... Preuve que les vacances sont finies et que le Palais-Bourbon nous rouvrira bientôt ses portes. Une demi-douzaine d'interpellations sont annoncées; et déjà l'on rêve de taquiner, d'injurier le gouvernement à propos de toutes sortes de choses: on le sommera de s'expliquer sur les postes et télégraphes et sur le Maroc; sur les grèves et sur le Venezuela; on l'invitera aussi à nous dire ce qu'il pense de cette singulière catégorie de «travailleurs antimilitaristes» qui avaient imaginé d'organiser, à la veille du départ de «la classe», une grève d'un genre nouveau et dont ce pays nous eût donné pour la première fois le spectacle: une grève de conscrits! Tout cela s'arrangera, comme dit le philosophe; et nous avons connu des émotions pires. On finira même par oublier les incidents dont fut agité, pendant huit jours, le monde du Conservatoire et des théâtres. Quel tapage, juste ciel! Une révocation à la Comédie-Française; à l'école du faubourg Poissonnière, deux démissions, quatre-vingts professeurs ameutés contre un règlement nouveau. «Vous nous discréditez! clament les maîtres. --Je vous protège contre vous-mêmes! réplique M. Dujardin-Beaumetz.--Vous portez atteinte à la dignité du professeur!--Mais non, messieurs, je la sauvegarde.» Et, sur ce feu, les journalistes répandent, comme il sied, le plus d'huile possible. On publie les correspondances échangées; les interviews se multiplient, aggravées de commentaires qui achèvent de brouiller tout à fait des gens disposés, peut-être, à s'entendre.
Y avait-il donc, en ces affaires, de quoi tant émouvoir Paris? Nullement. Mais des comédiens s'y trouvaient mêlés et c'était assez pour que beaucoup de tapage en résultât. Nos journalistes né conçoivent pas qu'un incident qui intéresse le théâtre puisse laisser la foule indifférente. Qu'un fonctionnaire, même de grade élevé, refuse le service à ses chefs et soit, séance tenante, chassé de sa place pour cela, c'est un fait qui ne sera pas jugé digne, par nos nouvellistes, d'occuper cinq minutes l'attention publique; que le rebelle soit, je ne dis pas même un comédien célèbre, mais simplement un pensionnaire, presque obscur, du Théâtre-Français, et voilà de quoi mettre en mouvement tout notre «reportage» et fournir aux salons, pendant plusieurs jours, de quoi causer.
A propos de l'incident des professeurs, un très gros personnage de la direction des Beaux-Arts disait devant moi, l'autre jour: «Tout ce bruit eût été évité, s'il n'y avait pas eu, dans l'affaire, deux démissions et une protestation de comédiens.»
C'est vrai. Mais est-ce la faute de M. de Féraudy et de M. Le Bargy si leurs démissions firent à peu près autant de bruit, dans Paris, qu'une crise ministérielle? Est-ce la faute de M. Leloir si son mécontentement parut plus intéressant à noter, et à commenter, que celui de M. Diémer, professeur de piano, par exemple, ou de M. Nadaud, professeur de violon, ou de vingt autres--maîtres distingués et notoires--et qui ne s'affirmaient pas moins mécontents que lui?
Eh! non. Ce n'est pas leur faute; et je suis bien sûre qu'ils eussent préféré nous voir moins attentifs aux détails d'un conflit qui n'intéressait qu'eux. Mais nous entendons, nous autres badauds, ne rien ignorer de ce qui touche à la vie des gens de théâtre, et plus d'une fois j'ai cherché, sans y réussir, à comprendre les raisons de cette singulière curiosité. Nous acclamons la virtuosité d'un Sarasate, d'un Capet, d'un Diémer, d'un Hollmann; mais nous n'éprouvons pas le besoin--le concert fini--de suivre dans la rue l'homme que nous venons d'applaudir au concert. Passée la minute où il a charmé ses oreilles, la foule l'ignore. Elle ne veut rien ignorer de ses comédiens. Sortie du théâtre, elle court les guetter à la petite porte par où ils en sortiront eux-mêmes tout à l'heure. Elle veut les revoir de près, saluer au passage la silhouette emmitouflée de Mme Bartet, le chapeau mou de M. Mounet-Sully. Nous reprochons à certains de ces artistes de manquer parfois de modestie. Injuste sévérité! J'admire, au contraire, qu'en dépit d'une telle fureur d'adulation, la plupart demeurent ce qu'ils sont: très sociables, pleins de bonté, aussi sensibles à la louange, chaque fois qu'on les loue, que si c'était là, pour eux, une joie neuve...
*
* *
...Assisté, dans l'intimité d'un «five-o'clock tea», à un amusant débat sur la question de savoir s'il est juste qu'un volume de vers suffise à conférer à l'homme qui l'a écrit les honneurs académiques, la gloire,--l'immortalité.
Un romancier, candidat à l'Académie, auteur d'une vingtaine de volumes que tout le monde n'a pas lus, déclare: «Il avait du talent; mais pour tant d'hommages, et si pompeusement rendus, un volume de sonnets, c'est peu...»
Le mort dont on parle est José-Maria de Heredia. Je ne l'avais vu qu'une fois et il m'avait tout à fait séduite par je ne sais quoi d'aisé et de cordial dans l'aspect; par la noble véhémence du parler et la beauté de son sourire. Il me questionna sur les poètes de mon pays; je lui parlai de ses vers, que j'avais lus et appris; je lui en récitai quelques-uns et je lui dis que je l'aimais pour deux raisons: d'abord parce que ses sonnets étaient beaux; ensuite parce qu'en bornant son ambition à la joie d'écrire un seul livre, il m'avait épargné l'ennui d'en feuilleter plusieurs pour apprendre à l'admirer.
«La fécondité des auteurs, lui disais-je, est devenue le supplice des pauvres gens qui ont le souci d'étudier les littératures. On fait métier d'écrire; on écrit donc le plus qu'on peut. Et ainsi l'on disperse son génie; on en met un peu dans chacun des livres qu'on fait; on n'en met beaucoup dans aucun et l'on oblige le lecteur à poursuivre à travers dix, quinze, vingt volumes, la pensée qu'il aime; on joue à cache-cache avec lui; on l'essouffle... C'est une course éreintante, monsieur, où les écrivains seront de moins en moins suivis. La vie est trop courte, et nous avons tant de choses à faire! Aussi ai-je souvent rêvé ceci: une littérature qui ne serait un métier pour personne; où l'homme hanté du besoin d'écrire apporterait, vers l'âge de quarante ou cinquante ans, le trésor de ses pensées,-en trois cents pages. Trois cents pages, où se condenseraient le rêve et l'expérience de toute une vie... Vous avez fait cela, vous; vous vous êtes donné à nous en une seule fois, tout entier. Vous ne tenez pas de place; on vous sait par coeur en un mois, et vous coûtez trois francs... Vous êtes un bienfaiteur.»
M. de Heredia se mit à rire. Mais c'était le plus sérieusement du monde
que je lui parlais ainsi.
Sonia.
Un fait a dominé de très haut tous les travaux du Congrès international de la tuberculose et accaparé l'attention aussi bien du monde médical que du grand public: c'est la communication du docteur Behring, délégué du gouvernement allemand, sur les recherches qu'il poursuit, depuis plusieurs années déjà, en vue de découvrir un traitement curatif de la tuberculose.
Au premier moment, et sur des rumeurs recueillies hors des murs du Grand Palais des Champs-Elysées, on a affirmé que le docteur Behring avait définitivement trouvé ce remède, qu'appellent tant de voeux si ardents. Pas encore, hélas! et le savant médecin a dû calmer lui-même l'enthousiasme qui commençait à se donner carrière: s'il entrevoit le but, il ne l'a pas atteint. Il a précisé, dans son mémoire au Congrès, les résultats obtenus. Ils sont fort beaux, mais pas encore décisifs.
Le docteur Behring est dans la science médicale un homme considérable.
Ce fut lui qui, de concert avec le Japonais Kitasato, découvrit en 1890 le principe de la sérothérapie antidiphtérique et antitétanique. Il fallut d'ailleurs quatre années de travaux persévérants, poursuivis simultanément en France et en Allemagne, avant qu'on parvînt à appliquer à la diphtérie humaine le sérum dont le savant allemand avait doté la médecine. L'honneur de cette application devait revenir au docteur Roux, l'éminent directeur de l'Institut Pasteur qui, en 1894, au Congrès de Budapest, put enfin annoncer qu'il était en possession d'une méthode pratique permettant de guérir par la sérothérapie la diphtérie. On se rappelle quelle émotion s'empara alors du monde entier. Quant au tétanos, on n'a pu jusqu'ici arriver à le vaincre par un moyen similaire, bien que les principes posés par le docteur Behring soient reconnus rigoureusement exacts. Ce double précédent permet de se rendre compte très nettement de l'état actuel de la question en ce qui concerne la guérison de la tuberculose.
Le docteur Behring avait démontré, il y a trois ans, à Cassel, qu'il était en possession d'un procédé de vaccination préventive des grands animaux--comme les bovidés--contre la tuberculose. Il nous fait espérer aujourd'hui que ce remède guérit également chez eux cette même maladie. Il faut le croire, car sa parole n'est pas de celle qu'on révoque en doute. Mais, même alors, il restera à trouver le moyen d'appliquer à l'homme le même traitement. Le professeur Behring avoue n'avoir pas essayé et ne va aborder qu'à présent ce nouveau problème. Que de voeux vont l'accompagner! Que de collaborations vont lui être offertes!
Déjà, très galamment, il a promis aux chercheurs de l'Institut Pasteur de mettre à leur disposition une certaine quantité de son remède, afin qu'ils puissent contrôler ses propres expériences... et les continuer, souhaitons-le. Il faut attendre, avec pleine confiance: le passé de M. Behring répond hautement de l'avenir.
On se rappelle que le prix Nobel a récompensé, en 1901, ses travaux antérieurs, notamment la découverte du sérum antidiphtérique. A ce propos, nous permettra-t-on de relever une erreur commise ces jours derniers: on a dit et répété que M. Behring avait partagé ce prix avec le docteur Roux; il y a confusion et elle vient de ce que le docteur Roux, honoré lui-même par l'Académie française du prix Louis, en offrit spontanément la moitié à son confrère allemand, dont la découverte avait servi de base à ses recherches.
Le jour de la visite du président de la République et des congressistes au sanatorium de Montigny-En-Ostrevent, le photographe de L'Illustration a eu la bonne fortune de prendre l'excellent cliché du docteur Behring que nous reproduisons dans ce numéro. Le savant allemand conversait à ce moment avec un savant français, le docteur Louis Martin, directeur de l'hôpital Pasteur, un des principaux collaborateurs du docteur Roux. Nous nous félicitons de voir cette photographie associer ainsi le docteur Behring et un représentant de l'Institut Pasteur: c'est là une collaboration qui a été assez féconde hier pour qu'on puisse l'espérer aussi heureuse demain.
Le Chatham, chargé de 80 tonnes de dynamite, échoué
dans le canal de Suez, au kilomètre 18,8.
Dans la nuit du 5 au 6 septembre, un incendie se déclarait à bord du navire anglais Chatham, qui passait le canal de Suez et qui portait dans sa cargaison, entre autres marchandises, 80 tonnes de dynamite. Cette dangereuse substance était placée dans la cale fort peu loin de la chambre dans laquelle le feu avait pris. Devant la menace d'une explosion imminente, l'équipage descendit à terre et la Compagnie du Canal fit couler le vapeur.
Il sombra à 18 kil. 800 de Port-Saïd, au bord de la rive d'Asie, à un endroit où le canal se déroule en plein désert. L'épave n'obstruait pas complètement la grande voie navigable; elle laissait libre, du côté de la rive d'Afrique, un chenal de 27 mètres qu'on porta rapidement à 37 mètres en reculant la berge, et la navigation put ainsi continuer. Pourtant, le passage des navires n'était pas sans danger: le bateau coulé pouvait se déplacer, se rapprocher du milieu du canal; une collision eût provoqué une explosion. La Compagnie de Suez décida, pour plus de sécurité, de faire sauter cette redoutable épave, en entourant l'opération, toujours délicate, de toutes les précautions possibles et en cherchant à réduire au minimum les dégâts matériels.
Gerbe d'eau et de fumée de 890 mètres de hauteur.
L'explosion du Chatham, à 9 h. 50, le 28 septembre,
vue d'une distance de 10 kilomètres, limite de la zone accessible.
On dévia notamment, vers l'intérieur, le canal qui, sur la rive africaine, approvisionne Port-Saïd en eau douce et qu'on craignait de voir obstruer par la violence de l'explosion.
L'explosion fut fixée au jeudi 28 septembre.
En vue de parera tout accident de personne, on avait disposé, à 10 kilomètres de l'épave, un cordon de soldats égyptiens, chargés d'empêcher toute circulation; des gardiens montés sur des barques sillonnaient le lac Menzaleh, au sud, interdisant à quiconque l'approche de la zone dangereuse, et des patrouilles chevauchaient en plein désert.
La veille au soir, à 4 heures, la navigation avait été interrompue dans tout le canal. Des scaphandriers avaient pénétré dans la cale du Chatham et avaient disposé, non loin de l'explosif qui y était accumulé, des caisses de dynamite amorcées, qu'un fil électrique reliait à une cabane située à 7 kilomètres de distance. De cette cabane, un ingénieur de la Compagnie pouvait, en pressant simplement un commutateur, déterminer l'explosion.
Le jeudi matin, à 9 h. 50 exactement, la charge entière sautait, soulevant avec un fracas terrible une énorme masse d'eau et de fumée. Cette gerbe montait à 890 mètres de hauteur. Sur la seconde de nos photographies, ce n'est qu'un nuage visible à peine sur l'azur uni du ciel. Mais notre correspondant avait dû, soumis aux mesures de police, se placer à 11 kilomètres du Chatham. Si l'on y pense, on se rendra compte à quel point les effets de l'explosion durent être formidables, pour avoir été enregistrés ainsi, par l'objectif, à une pareille distance. C'est d'ailleurs la plus forte explosion de dynamite qui ait jamais eu lieu, depuis que cette substance est connue.
Aussitôt après l'explosion, les agents de la Compagnie de Suez allaient en constater les effets: certains débris avaient été projetés à 1.500 mètres de l'épave. Quant à la berge la plus rapprochée du Chatham, elle était endommagée sur une longueur de 200 mètres et une profondeur de 50 mètres. Enfin on amenait immédiatement sur place des bigues et des ouvriers pour enlever les épaves.
Sur le lieu de l'explosion: les «bigues» occupées à
débarrasser le canal des débris du Chatham.
--Photographies de notre
correspondant, M. Ceorgiladakis.]
Comme on l'a vu plus haut, notre correspondant n'avait pu, pour opérer, se placer qu'à 11 kilomètres du lieu de l'explosion. La Compagnie de Suez, de son côté, désirait vivement avoir un cliché de l'explosion, qui eût constitué en effet un intéressant document.
Elle avait donc fait installer, à 350 mètres seulement du Chatham, sur un des pieux d'amarrage de la berge, un appareil tout armé et dont un dispositif, ingénieux en son principe, devait, croyait-on, produire au bon moment le déclanchement: une planche était suspendue, en équilibre instable, au-dessus de la poire de caoutchouc; on comptait sur le déplacement d'air produit par l'explosion pour la faire basculer et actionner l'obturateur.
Il y eut malheureusement un à-coup; avant que le mouvement atmosphérique eût déterminé la chute de la planche, la masse d'eau et de gaz soulevée par la dynamite était retombée, et l'appareil recueillit seulement le spectacle que présentait le canal immédiatement après l'explosion. On voit, par la reproduction que voici de l'épreuve qui nous a obligeamment été communiquée par la Direction du Canal, ce qu'il fut: la nappe d'eau, si calme sur les photographies précédentes, était pareille à une mer agitée, sillonnée de remous, ou mieux aux rapides impétueux d'un grand fleuve équatorial, avec des vagues écumeuses montant à l'assaut de la berge sous un ciel noir et bas, voilé, comme par une nuée d'orage, de fumées si denses qu'elles cachaient l'autre rive.
Et, détail curieux, une bouée, bien fragile pourtant, et toute voisine du lieu de l'explosion, puisqu'elle balisait l'emplacement de l'épave, flottait encore sur ces eaux tumultueuses, intacte, épargnée par tout ce fracas.
La destruction du «Chatham», coulé dans le canal de Suez.
--Le remous des eaux et l'obscurcissement du ciel produits par
l'explosion, d'après un cliché photographique pris automatiquement à 350
mètres par les soins de la Direction du Canal.
Le monument commémoratif
d'Anvers.
Dimanche dernier a eu lieu, à Anvers, dans le cimetière de l'église Saint-Laurent, l'inauguration d'un monument élevé, comme le porte l'inscription, à la mémoire des officiers, sous-officiers et soldats de l'armée du maréchal Gérard, tombés au siège de la citadelle en novembre 1832.
Parmi les notabilités réunies pour la cérémonie, on remarquait: M. Carteron, consul général de France, et M. Ed. Borniche, le premier, président d'honneur, le second, président effectif de la Société de bienfaisance française, à qui revient l'initiative de cet hommage; M. Gérard, notre ministre à Bruxelles; le général Pinsonnière, commandant le génie à Lille, délégué par notre gouvernement; le gouverneur de la province, le bourgmestre et les échevins de la ville, etc. Dans les discours prononcés, on a rappelé les circonstances où l'intervention de la France assura à la Belgique cette indépendance dont elle vient de célébrer le 75e anniversaire.
L'application d'une circulaire de M. Berteaux, ministre
de la Guerre.
--Présentation d'un «bleu» à un «ancien» dans une chambrée
de la caserne de Neuilly.
Quelques jours avant la récente incorporation de la classe, M. Berteaux, ministre de la Guerre, adressait aux chefs de corps une circulaire dont quelques phrases typiques précisent suffisamment l'objet et l'esprit: «On s'efforcera de rendre aussi faciles que possible au jeune soldat les débuts de la vie militaire...»--«Les chefs de corps et les commandants d'unités s'ingénieront tout d'abord à donner à la réception du nouveau contingent le caractère d'une véritable fête de famille...»--«Le capitaine présentera personnellement les recrues aux anciens soldats et profitera de cette circonstance pour tracer aux uns et aux autres leurs devoirs réciproques...» Les prescriptions dictées à notre ministre civil de la Guerre par une sollicitude paternelle ont été assurément observées, puisque nous pouvons donner la physionomie d'une de ces présentations entre «bleu» et «ancien», scène prise sur le vif dans une caserne de Paris. Quant a leur efficacité, il serait peut-être téméraire d'en juger sans le contrôle préalable de l'expérience. Souvent les circulaires passent tandis que les habitudes restent.
Dr Louis Martin. Dr Behring.
LE CONGRÈS DE LA
TUBERCULOSE.--Science allemande et science française. Dans le parc du
sanatorium de Montigny: le docteur allemand Behring s'entretenant avec
le docteur Louis Martin, collaborateur du docteur Roux et directeur de
l'hôpital Pasteur.--Voir l'article, page 242.
L'Université impériale de Tokio: la Faculté de droit et
la Faculté des sciences.
Il n'est rien de ce qui se passe au Japon qui ne nous intéresse en ce moment. Toutes nos curiosités sont éveillées, attirées vers ce pays que nous avons si longtemps ignoré ou mal jugé, sur lequel nous nous étions fait tant d'idées fausses. Nous voudrions, maintenant, en connaître d'un coup, en détail, la vie, les moeurs, et quiconque nous en révélera un trait nouveau est sûr de retenir notre attention. Nous sommes donc persuadés qu'on lira avec plaisir ces notes sur la vie des étudiants à Tokio, que nous rapporte M. J.-C. Balet, à qui nous avons déjà dû les intéressantes correspondances du Japon qu'on se rappelle avoir lues ici pendant la guerre.
Surpris par une averse, un soir d'orage, dans une rue tortueuse du quartier de Kanda, il m'advint une petite aventure qui vaut d'être contée.
Comme toujours en pareil cas, les kurumayas stationnés au coin des rues, coiffés de leur chapeau-parapluie et revêtus de leur kappa en toile cirée, bravaient la pluie et faisaient les offres les plus pressantes aux passants en détresse.
«Danna! danna! (monsieur!) s'il vous plaisait de monter? Je viendrai à bas prix.»
N'ayant plus que 500 mètres de chemin pour arriver à destination, je dédaignais leurs importunes sollicitations, lorsque l'un d'eux, plus hardi, me lança d'une voix mal assurée:
«Sir, will you take my kuruma?» (Monsieur, voulez-vous prendre ma voiture?)
Ce fut moins son anglais que la mine de ce jeune homme qui me décida. Après tout, il pouvait avoir besoin de dix sous.
La vie d'étudiant: chez les pauvres, on cuisine entre
deux leçons
Au moment de le quitter, après lui avoir payé sa course, il me regarda avec une certaine fierté:
--Monsieur, je suis un élève de l'Université.
--Bah!... Et pourquoi as-tu quitté l'Université pour le kuruma? C'est beaucoup moins intéressant.
--Je n'ai pas quitté l'Université. Je fais les deux (sic).
L'état du ciel ne me permettait pas un long dialogue. J'appris en peu de mots que ce jeune homme, originaire de Fukushima, fils de modestes paysans, gagnait ainsi, par les nuits obscures, le supplément d'allocation qui lui manquait pour acheter des livres.
Je triplai le menu pourboire qu'il avait si bien gagné, et je rentrai chez moi, décidé à explorer ce coin de Tokio où l'on découvrait de si curieuses choses.
Ce que j'ai nommé, par une analogie un peu forcée, le Quartier latin de Tokio, ce sont les deux arrondissements de Hongo et de Kanda, le premier sur une hauteur qui domine la capitale, le second à ses pieds, dans la plaine.
Avant la révolution de 1867, Hongo était en partie occupé par le yashiki (domaine) du daimyô maeda, seigneur de la province de Kaga.
L'Université impériale, avec les immenses établissements afférents aux six Facultés de droit, de médecine, des lettres, des sciences, d'agriculture et polytechnique, couvre la presque totalité de ce superbe enclos.
Un «geshiku» d'étudiants aisés.
Dans les environs, une foule d'écoles sont venues se grouper: lycée supérieur, écoles normales supérieures des garçons et des filles, arts et métiers, etc.
Kanda a l'École des langues étrangères, la haute école de commerce et diverses institutions secondaires.
D'autres écoles qu'il serait trop long d'énumérer, telles l'École des beaux-arts, les écoles militaires, l'École des nobles, sont dispersées un peu partout dans Tokio, mais le centre intellectuel demeure autour de L'Alma mater, dans les deux quartiers précités.
Naturellement la jeunesse studieuse du pays, comme les abeilles autour de la ruche, est venue se réfugier dans les environs et donner à cette partie de Tokio un cachet un peu spécial.
Qu'on ne se méprenne pas cependant sur ce soi-disant Quartier latin. Extérieurement, ses rues ne diffèrent pas tellement des autres rues de la capitale qu'un ironique globe-trotter appelait un «village à perte de vue». A Kanda surtout, la seule note caractéristique, ce sont les enfilées de boutiques de librairie classique où les étudiants qui ont fini leurs études vont se défaire, à bon marché, de leurs vieux compagnons, les livres. A Hongo, ce sont les geshikuya, traiteurs et logeurs, qui occupent la majeure partie de la colline de Yujima.
Nulle part de bal Bullier, de cafés de la Source ou du Panthéon. Dans ces parages plutôt calmes et graves, point de chansonniers ni de gigolettes, rien qui ressemble à nos monômes d'étudiants en révolte ou en goguette.
Tout au plus, quelques beer hall, peu fréquentés par la gent écolière; car les étudiants japonais n'ont ni la bourse pansue, ni l'estomac solide de leurs camarades allemands. Des théâtres, oui, et des yosé, sortes de salles de déclamation où les conteurs et les chanteurs viennent écouler leur répertoire, et que les étudiants fréquentent volontiers à cause du bon marché. Aussi ne faut-il point venir à Hongo ou à Kanda pour s'amuser.
Dans ces conditions, quelle peut bien être la vie de l'étudiant japonais? Généralement pauvre et désirant arriver à quelque chose par l'étude, le Japonais venu de la province dans une des écoles spéciales dont j'ai parlé, commence par choisir une chambre dans un geshiku, une chambre de 4 ou de 6 nattes. Dans un si petit espace, il n'y a point de place pour un meuble; d'ailleurs l'étudiant n'en a pas. Rien n'est plus facile que de faire l'inventaire de son mobilier.
Prenons-le au moment où, mécontent de son patron, qui le nourrit mal ou qu'il ne peut payer, il déménage vers un toit plus hospitalier. Il appelle un traîneur de kuruma, qui charge ses matelas roulés sur son véhicule; puis, il lui confie son kôri, boîte en osier, renfermant deux habits râpés et un chapeau éculé; enfin il installe, à côté de ses futon, une table de bois noir, mesurant 25 centimètres de long sur 20 de large et sur 10 de hauteur; sa boîte à pinceaux et ses livres de classe; lui, il suit la voiture, portant sa lampe d'une main, son gourdin de l'autre et une couverture rouge sur les épaules.
Chez «mon oncle»: le mont-de-piété japonais.
Murger, avec toute son imagination, n'avait pas rêvé d'une bohème si pauvre. Aussi, une chambre de 6 nattes étant encore un luxe et pouvant bien coûter une dizaine de francs de location mensuelle, les étudiant, se groupent deux ou trois ensemble, pour occuper le même logis.
Le patron du geshiku se rattrape sur la nourriture qu'il sert à ses pensionnaires. Elle varie de 5 à 7 yen (13 à 18 fr.) par mois. Vous pensez quels menus confortables peut servir un Thénardier japonais pour ce prix-là? En dehors du riz, le reste n'a de nom dans aucune langue.
Bien qu'ils aient le ventre élastique, capable de se serrer de plusieurs crans, les étudiants japonais trouvent parfois ces procédés exorbitants et le manifestent en démolissant la cuisine et en brisant tous les ustensiles de leur traiteur.
Quelques-uns préfèrent louer une chambre en ville, dans une maison privée, et faire leur popote aux heures de loisir. Ceux qui ont goûté cette vie (l'artiste qui a dessiné ces croquis en est un) en ont gardé un souvenir ému. Entre deux leçons, oh! le plaisir d'éplucher ses légumes, d'allumer le réchaud avec l'éventail, d'aspirer le fumet des sauces que l'on ne doit qu'à soi-même!
Mais, comme ceci est une grosse perte de temps et devient trop bourgeois d'allure, on vient d'inventer les gargotes à 3 sen. Quoi que l'on consomme, debout ou assis, un oeuf ou une pomme de terre, un bol de riz ou un bifteck, le prix invariable de 3 sen (8 centimes) est exigé.
L'étudiant (shosei) japonais est généralement travailleur. Depuis l'époque lointaine où les Ito, les Mutsu, les Inoué, étudiaient en cachette l'anglais et les livres d'Europe, en s'engageant parfois comme boys de cabine sur les vapeurs étrangers, d'autres fois en louant leurs services à un résident, une fièvre de savoir a gagné tout le pays. Il est vrai de dire que le gouvernement de Meiji a tout fait pour l'entretenir; l'organisation de l'instruction et sa diffusion sont tout simplement merveilleuses. Et puis, à l'opposé des anciens jours où l'on décapitait les hommes trop éminents, la science peut mener à tout aujourd'hui. On a vu un journaliste devenir ministre; plusieurs anciens shosei, dont les débuts ont été rudes, ont gravi tous les degrés et occupé des postes éminents. L'esprit de fonctionnarisme est né avec les horizons que découvrait la science; il n'est plus un seul paysan pouvant pousser son fils, du lycée provincial aux écoles supérieures de Tokio, qui ne le fasse, avec le secret espoir d'en faire au moins un yakunin (employé de l'État).
Amusements d'étudiants: au yosê, ou salle de
déclamation.
Aussi ces humbles campagnards, ces pauvres villageois, sont-ils âpres à la besogne. Je parlais au début de ce jeune homme qui, la nuit, faisait le métier de kurumaya pour compléter ses frais d'école; d'autres vont distribuer le lait ou les journaux, de porte en porte, le matin au point du jour. On les appelle kugakusei, les écoliers qui peinent pour apprendre. Quelques-uns préfèrent se louer comme portiers ou garçons chez des avocats, des médecins ou des députés. On leur donne la nourriture et le logement; mais, comme ils sont pris toute la journée, ils ne peuvent fréquenter que les écoles du soir.
Travailleur, le Japonais l'est par ambition. Il étudie moins pour savoir que pour arriver. Aussi les jeunes gens aisés sont-ils généralement les plus paresseux. D'aucuns, à qui leurs parents aveugles ne refusent rien, font comme chez nous et dissipent le prix de leur pension au yoshiwara, dans les sports ou en boissons. Ce sont eux et non pas les étudiants pauvres qui vont périodiquement engager leurs habits et leurs livres chez l'usurier du coin (les Japonais l'appellent mon oncle), puis les racheter avec perte. Cette industrie est une des plus fructueuses et des plus caractéristiques du quartier des écoles.
Un de mes vieux amis, longtemps professeur au Japon, prétend que l'étudiant japonais fait les délices de son professeur, non seulement par l'application, mais par l'intelligence, la docilité et la déférence. Sur ce dernier point, je suis obligé de dire que les Japonais eux-mêmes ne sont pas de son avis. Il arrive assez souvent que toute une classe prenne un professeur en grippe. Si les élèves ont juré de le faire partir, l'école entière se solidarise avec les révoltés; après les menaces directes, on fait grève et l'on passe aux voies de fait. Presque toujours les élèves ont le dernier mot.
Bons camarades entre eux, même lorsqu'ils appartiennent à des écoles
différentes, on voit ces jeunes gens prendre part aux mêmes sports sans
jalousie ni rivalité haineuse. Le tennis et l'aviron, le football et le
trapèze, sont de plus en plus entrés dans les moeurs. La tournure des
petits étudiants y a gagné, comme leur santé physique, et il m'a paru
que les jeunes gens actuels étaient plus robustes que ceux que j'ai
connus il y a quinze ou vingt ans. Il ne me reste plus qu'à souhaiter à
Tokio de devenir le centre de toutes les lumières, le foyer intellectuel
où l'Asie, l'Europe et l'Amérique viendront s'approvisionner dans un
prochain avenir, puisque c'est le rêve ambitieux que l'on fait pour le
Japon moderne!
J.-C. Balet.
La «gargote» à trois sen.
Le Stromboli, avec une coulée de lave descendant vers la
mer.
La terrible émotion qu'ont produite, dans l'Italie entière, les récents tremblements de terre des Calabres commence à peine à se calmer. L'imprévu de telles catastrophes, le mystère qui entoure leurs causes, sont bien faits d'ailleurs pour accroître et prolonger l'inquiétude. Aussi, et quel que doive être, en fin de compte, le résultat de cette initiative, le gouvernement italien a-t-il été heureusement inspiré en constituant une commission scientifique chargée d'étudier les effets du phénomène et d'essayer d'en établir l'origine.
Comme, avec le tremblement de terre, a coïncidé une recrudescence d'activité des deux volcans entre lesquels s'étend la plaine si souvent ravagée par les convulsions sismiques, le Stromboli et le Vésuve, les études de la commission vont nécessairement s'étendre à ces volcans.
Précédant les géologues et les topographes officiels, j'ai fait, l'appareil photographique en mains, une visite aux deux inquiétantes montagnes.
L'excursion au Stromboli n'a rien d'engageant. Elle est malaisée, et, n'était l'effet saisissant que produit la présence de la riante ville de Stromboli au pied de cette montagne âpre, on serait déçu. C'est un voyage que j'ai fait une fois et que je n'espère pas recommencer.
Le Vésuve, au contraire, était pour moi une vieille, très vieille connaissance. N'ai-je point même, un jour--il y a deux ans de cela--failli trouver la mort au bord de son cratère, pour avoir voulu le photographier de trop près? Il est actuellement, au surplus, d'accès assez facile à quiconque ne tient pas à s'aventurer dans la zone dangereuse, et de Naples, en une heure à peine, chemins de fer et funiculaire transportent les touristes à la «gare supérieure»! Mais les vrais curieux ne s'arrêtent pas en si beau chemin et attaquent gaillardement les pentes sablonneuses et roides qui se dressent encore au-dessus d'eux et les conduiront jusqu'au sommet du cône. Le spectacle qu'ils trouvent là-haut vaut bien la peine qu'ils se sont donnée pour y parvenir.
Le Vésuve: orifice principal au moment de l'éruption
d'une bombe.
Me voici presque au bord du cratère --ou mieux, des cratères, car il y en a cinq, l'un touchant l'autre--près d'un abîme d'où montent continuellement des vapeurs blanches qu'échevelle la brise d'automne.
Tout à coup, au fond du gouffre, on perçoit des bruits stridents, de déchirants sifflements, qui montent, grandissent, éclatent en un bruit d'enfer. On dirait qu'une armée de locomotives, leurs soupapes grandes ouvertes, se déchargent, se vident... Puis une détonation sourde, qui ébranle le sol sous mes pieds: un nuage de fumée noire, en forme de champignon ou de parasol, le fameux «pin» tant de fois décrit, monte, se développe dans les airs, crevé en tous sens par des bombes de lave qui éclatent, des pierres qui retombent en pluie au loin. Et le vent aigre tord, déroule, souffle en tous sens cette nue sinistre qui s'évanouit bientôt dans l'azur frais du ciel.
Le Vésuve en activité.
Comme je vais redescendre, j'avise le plus ancien des guides:
--Pensez-vous que la montagne doive nous offrir de nouveau un de ses spectacles?
--Ne le dites pas, signorino: si spectacle il y a, il sera terrible. La montagne est trop pleine.
Ce «trop pleine» là-haut, entre deux bombes... Il était temps,
décidément, de retourner.
Charles Abéniacar.
L'agent Debishop. Jean Gallay. L'agent Donzelot.
Valentine Merelli. Marie Audot
LE RETOUR DE GALLAY ET DE VALENTINE MERELLI.
--Leur débarquement du
paquebot Cordillère, à Bordeaux.
D'après les photographies de MM.
Sereni, Eug. Bardot et Raymond.
Elle va exciter l'envie de nos sportsmen et ouvrir la porte à tous leurs rêves, cette campagne de chasse et de pêche que viennent de faire, à travers l'État du Maine et le Canada, cinq chauffeurs américains: MM. Ezra H. Eitch, Augustus Post, A. T. Edmunson, R. H. Johnston et N. Lazarnick.
Un «store» en pleine campagne, au Canada.
Ils partaient, à la fin d'août, de Portland, au sud de l'État du Maine, sur l'Atlantique, en trois automobiles, et remontaient vers le nord. Comme ils comptaient courir quelque peu les bois, à la poursuite du gibier, loin, souvent, de toute hôtellerie et même de toute ferme, chaumière ou hutte, et que, d'ailleurs, en tout état de cause, ils voulaient pouvoir se tirer d'affaire avec leurs propres ressources, ils emportaient tout un matériel de campement perfectionné: quatre tentes de soie, légères et peu encombrantes, une cuisine complète en aluminium, des malles-couchettes avec des matelas à air et tout un lot de provisions, viandes concentrées, conserves, etc. Ils s'étaient munis de solides haches, d'une pelle, d'une pioche, dont ils pouvaient avoir besoin pour se frayer la route, en certains cas; de leviers et de palans, en prévision d'accidents ou de pannes. Et, bien entendu, ils n'avaient eu garde d'oublier l'arsenal de lignes, de fusils, de carabines, indispensable aux pêcheurs et chasseurs qu'ils étaient avant tout.
EN AUTOMOBILE A TRAVERS L'ÉTAT DU MAINE ET LE CANADA
1.
Un calvaire au bord de la route.--2. En pleine forêt: dégageant le
passage.
--3. Le coup de feu en auto.--4. Hors des routes battues.
Ils suivirent d'abord la ligne du Maine Central jusqu'à une ville nommée Mattawamkeag; là, ils abandonnèrent la voie ferrée et piquèrent droit au nord, vers Patten. En approchant de cette ville, ils eurent une sensation un peu forte: devant eux, les séparant de l'étape, une forêt brûlait. Ils s'y lancèrent à toute vitesse et purent, sans dommage, atteindre Patten. Mais ils n'y étaient guère en sûreté: une saute de vent pouvait rabattre les flammes vers la ville et l'incendier. Les habitants étaient debout, anxieux, se demandant s'il fallait fuir. Pour nos excursionnistes, ils veillèrent aussi, guettant l'événement, moins inquiets toutefois, et prêts, à la première alerte, à sauter sur leurs machines et à filer. Au-dessus de Patten, la route se divisait en deux branches. On leur dit que les quatre ou cinq automobiles qui étaient déjà venues jusque-là avaient toujours pris la route de l'est. Cela les décida à suivre l'autre, qui remontait vers le nord. Ils s'élancèrent dans l'inconnu, sur un chemin qu'aucune machine encore n'avait sillonné, et entrèrent au Canada.
Ce que fut leur existence au cours de ce voyage, les photographies qu'ils ont rapportées le disent assez. Tantôt ils couraient le long de routes passables, jalonnées de vénérables calvaires où se croisaient en trophées les instruments de la Passion; tantôt ils faisaient halte devant quelque store en pleine campagne, devant quelque magasin perdu, attendant des clients venus de lieues et de lieues à la ronde; ou bien encore ils s'aventuraient, par des pistes encombrées et qu'il fallait déblayer, au coeur même de la forêt; là, où ne se voyait plus nulle trace du passage de l'homme, ils campaient, l'un cuisinant tandis que l'autre procédait à la lessive indispensable. Ils passèrent des rivières sur des bacs, en traversèrent d'autres à gué; et leurs automobiles croisaient alors dans le courant quelqu'un de ces légers et fins canoës d'écorce faits à l'image des pirogues des Peaux-Rouges
Sous bois, le passage de leurs autos faisait se lever et fuir du gibier qu'ils pouvaient parfois tirer en marche. Et leurs chasses furent des plus fructueuses. Leur plus beau coup de fusil descendit un caribou,--un caribou, ô René --un renne superbe qui fut prestement chargé sur l'une des machines.
Enfin ils arrivèrent à un village dont les habitants parlaient une langue d'eux cinq inconnue: un pur français du dix-septième siècle. Là, une personne entendant quelques mots seulement d'anglais était une rareté. Ils supposèrent qu'il en devait être ainsi dans toute la contrée, occupée par de purs Canadiens français. Ils appréhendèrent de poursuivre plus loin leur voyage dans ces conditions, ce qui tendrait à prouver qu'ils étaient moins certains de pouvoir se passer de tout concours étranger qu'ils ne le voulaient bien dire. Ils avaient traversé crânement la forêt enflammée de Patten. Ils redoutèrent de s'aventurer en pays franc. «Autant, disait au retour M. Ezra H. Fitch à un interviewer, autant eût valu voyager en Normandie!»
Et ils rebroussèrent chemin vers la frontière des États-Unis, qu'ils traversèrent près du fort Kent, puis vers le Nouveau-Brunswick, où ils poussèrent une pointe avant de regagner Portland--enchantés.
EN AUTOMOBILE A TRAVERS L'ÉTAT DU MAINE ET LE CANADA
1.
Passage d'une rivière en bac.--2. Le campement dans une clairière.--
3.
Repas sous la tente.--4. Passage d'une rivière à gué.
La veuve du général, son fils et d'autres membres de la
famille Kondratenko,
près du cercueil du héros de Port-Arthur, sur le
pont du Munchen.
Le général Kondratenko, qui paraît bien avoir été, plus qu'aucun autre, l'organisateur intelligent et fertile en ressources de la défense de Port-Arthur, et dont la mort glorieuse, aux derniers jours du siège, a été pour la citadelle investie une perte irréparable, va reposer en terre russe: le 1er octobre, le steamer allemand Munchen ramenait à Odessa sa dépouille mortelle.
Sur le pont du navire, où étaient réunis autour de Mme Kondratenko, la veuve du général, et de ses enfants, de nombreux officiers, son cercueil fut en un moment couvert de couronnes. Et ce furent d'anciens combattants de Port-Arthur, d'anciens compagnons d'armes de Kondratenko, qui lui rendirent les derniers devoirs, le portèrent quand il fut besoin, montèrent la garde autour de lui.
Le corps du général a été transporté à Saint-Pétersbourg, où de solennelles obsèques lui furent faites.
A Odessa: le cortège funèbre s'organisant à bord du
Munchen et sur le quai.
--Photographies Poudichef
LE RETOUR EN RUSSIE
DES RESTES DE KONDRATENKO, TUÉ A PORT-ARTHUR
(Agrandissement)
Le prince Worontzof-Dachkof. Photographie Bulla.
LE
PRINCE WORONTZOF-DACHKOF, VICE-ROI DU CAUCASE, VISITANT LES RUINES DE
BALAKHANY
Au prince Worontzof-Dachkof, vice-roi du Caucase, revient l'honneur d'avoir ramené à Bakou une paix qu'on voudrait croire durable. C'est lui qui a réconcilié Arméniens et Tatars,--au prix de quelles objurgations! Dans sa calèche basse, entouré d'une petite escorte de cosaques, on le voyait aller parmi les débris écroulés des maisons, les ruines des usines, amas de pierres calcinées, de cendres, d'où émergeaient de place en place les restes de quelque formidable machine, des roues, des pignons, des volants, des tuyaux, tout cela tordu, déformé, oxydé, tacheté par les flammes de rouilles superbes. Mais l'émeute, éteinte à Bakou, se rallume en d'autres points du Caucase: à Tiflis, neuf bombes, dans la même journée, ont éclaté, et il va falloir, sans doute, au prince Worontzof-Dachkof, reprendre quelque jour par là ses périlleuses promenades.
C'est l'évolution fatale à tous les romanciers de race de s'élever peu à peu des oeuvres de pure fiction romanesque aux plus hautes thèses philosophiques et sociales. Le Paul Bourget de 1905 a d'autres préoccupations que celles dont s'inspirèrent Cruelle Enigme ou Mensonges. Récemment, M. Marcel Prévost marquait une ascension parallèle vers l'examen des problèmes capitaux qui intéressent une époque, une généralité. M. Edouard Rod, qui compte parmi les plus nobles esprits de ce temps, n'a pas échappé à cette sollicitation évolutionnaire. On en peut suivre les étapes dans chacun de ses livres. Le dernier s'attaque à la question la plus passionnante et la plus actuelle: celle de la liberté de croire.
(1) Fasquelle, édit. 1 vol., 3 fr. 50
Incroyant lui-même, M. Rod s'est fait l'avocat de la tolérance universelle; calviniste de naissance, il apporte au monde et à la pensée catholiques le tribut d'un respect qui, au besoin, ne craint pas de censurer.
Il intitule son roman l'Indocile. Il eût pu mettre: les Indociles, car on en compte au moins deux dans le livre.
Par son oncle, Romanèche,--un des grands chefs du parti avancé, une façon de Jaurès tumultueux, mais sincère,--Valentin Délémont a été introduit comme précepteur dans la maison d'un riche industriel rémois, M. Frumsel. Celui-ci est veuf; il a des ambitions parlementaires et se croit des convictions philosophiques. M. Frumsel veut que son fils, Désiré, soit élevé en dehors de toute religion et tenu jalousement à l'abri de la contagion catholique. Pour y réussir, il compte sur la collaboration, du jeune précepteur, qui saura se faire le camarade de son élève et qu'on lui a présenté comme un garçon sûr, bien inféodé aux «principes». Mais quelque hérédité tenace ou une naturelle propension poussent invinciblement Désiré Frumsel vers la religion qui fut celle de sa mère. A sentir l'opinion du précepteur peser constamment sur sa conscience pour l'éloigner de l'idéal qui la charme et qui l'obsède, l'âme de l'élève se tient fermée et comme hostile. Valentin, pareillement indocile aux pressions trop exigeantes, commence à penser que c'est faire oeuvre mauvaise de vouloir contraindre cette mentalité d'adolescent à un joug qu'elle refuse, d'imposer la négation de tout à cet enthousiasme affamé de leurres sublimes. Il s'ouvre au père de ses inquiétudes et de son impuissance. Le seul remède, concluent ensemble Frumsel et le précepteur, serait un voyage à Rome; «le spectacle de la décadence catholique» aurait la plus heureuse influence sur un esprit droit. Mais, de ce voyage, l'élève, contre toute attente, revient fortifié dans sa foi juvénile; Valentin en revient plus hésitant, plus timoré. Un jour, à Reims, dans un meeting bruyant où Romanèche a pris la parole, le fils du radical Frümsel siffle éperdument l'agressif tribun, ennemi de son culte. Scandale!... Evictions!... Frümsel, furieux et inconsolé, chasse de sa maison l'infortuné précepteur dont la faiblesse et l'insuffisance n'ont pas su lui épargner telle humiliation devant son parti.
Derrière cette trame, d'apparence un peu menue, mais à laquelle le conflit dramatique des opinions, le heurt incessant des volontés, prêtent une ampleur parfois majestueuse, M. Rod a, par scrupule de romancier, estompé une gracieuse idylle. Elle s'efface presque sous la grandeur des problèmes et des discussions qui, à chaque page, accaparent l'oeuvre.
Ceux dont l'auteur de l'Indocile a dénoncé si rudement la tyrannique intolérance ne manqueront pas de donner à ce livre l'épithète de «clérical».
L'écrivain ne mérite pas un tel reproche. Son impartialité se tient à égale distance d'Urbain Lourtier, qui voit le seul salut de la société dans la destruction des croyances religieuses, et de Claude Brévent, cet autre intransigeant, catholique militant, disciple de Marc Sangnier et adepte du «Sillon».
L'un et l'autre sont les meilleurs amis de Valentin et, à chacun d'eux,
comme son héros, M. Rod reconnaît une part de sincérité. Il a simplement
repris la grande ligne de Flaubert, que nul n'osa appeler un clérical,
et sait nous montrer que l'Homais du vingtième siècle, pour avoir plus
d'intellectualité qu'un pharmacien de province, reste encore et quand
même Homais.
Rémy Saint-Maurice.
Le dernier ouvrage de M. G. Lenotre: «le Drame de Varennes» (2).
(2) Librairie académique Perrin, 1 vol. in-8° illustré de portraits, plans et dessins inédits, 5 francs.
L'apparition du nouvel ouvrage de M. G. Lenotre datant de quelque trois mois, nous aurions à nous excuser de le signaler bien tardivement, s'il s'agissait d'un de ces livres dont la vogue est éphémère ou le sujet d'immédiate actualité. Mais tel n'est pas le cas: il a eu la bonne fortune de conquérir auprès du public une faveur durable, et comme, d'autre part, il traite d'événements remontant à plus d'un siècle, le sujet n'est guère plus vieux aujourd'hui qu'il ne l'était hier; il reste donc opportun de constater ce succès et d'en indiquer les raisons pertinentes.
Lorsqu'au mois d'avril de l'an dernier M. G. Lenotre, avec la précieuse collaboration de M. Henri Lavedan, fit représenter Varennes au théâtre Sarah-Bernhardt, il ne s'était pas trompé en pensant qu'un des principaux épisodes de la Révolution française, et non des moins émouvants, la malheureuse odyssée de la famille royale en 1791, offrait tous les éléments essentiels, tous les puissants ressorts d'une oeuvre dramatique; d'ailleurs, malgré les inévitables sacrifices consentis aux nécessités ou aux conventions scéniques, la pièce, il s'en portait garant, reposait sur les fondements d'une documentation solide. Ce consciencieux travail préparatoire, il a jugé utile de le publier, et l'on doit lui en savoir gré; car la réunion de ces matériaux forme un ensemble plus complet et plus suggestif encore que l'adaptation théâtrale à la construction de laquelle ils ont servi, adaptation forcément restreinte à la mesure de son cadre spécial.
Aussi bien, M. G. Lenotre est-il passé maître en l'art des reconstitutions historiques. Fouiller les bibliothèques et les archives, scruter les «vieilles maisons», dépouiller les «vieux papiers», afin de leur dérober leurs secrets et d'en tirer des renseignements neufs, ce sont là besognes où font merveille son ingénieuse sagacité de curieux, son flair subtil de fureteur, ainsi qu'en témoignent ses divers ouvrages relatifs à l'époque révolutionnaire, objet de ses études de prédilection. Sa méthode--la bonne--consiste, une fois les documents découverts, à les vérifier scrupuleusement, les confronter, les contrôler, les commenter aux clartés de l'esprit critique; puis à les grouper et coordonner, en ajoutant au tout ce qu'il convient de littérature, c'est-à-dire l'assaisonnement dosé d'une main experte, de façon à relever sans la dénaturer la saveur originale du plat substantiel. En un mot, l'érudit vulgarisateur par excellence.
Voilà pourquoi, à suivre le présent récit, constamment étayé de références justificatives, copieusement illustré de vignettes d'une pittoresque précision, on croirait assister aux poignantes péripéties du drame qui se déroula du 20 au 25 juin 1791: l'évasion des Tuileries, la fuite en berline, la tragique nuit du 21, le retour de Varennes à Paris, plus tragique encore. Tout s'y détache avec un relief saisissant: personnages de premier et de second plan, simples comparses, figures, caractères, sentiments, incidents anecdotiques, détails significatifs, tableaux mouvementés de l'effervescence populaire...
Mais un pareil livre ne s'analyse pas. D'ordre avant tout rétrospectif
et documentaire, pour en comprendre le succès, supérieur à celui de bien
des romans, il suffit de remarquer qu'au prestige de l'histoire il joint
l'intérêt passionnant d'un roman singulièrement pathétique et vraiment
«vécu». A ces titres, il a été beaucoup lu cet été, il va l'être cet
hiver, il le sera longtemps.
Edmond Frank.
Quand il partait pour remplir au Congo la mission au cours de laquelle il devait trouver la mort, M. de Brazza entrevoyait-il qu'il aurait à recueillir là-bas et à rapporter de graves documents? Toujours est-il qu'il avait demandé au fabricant de malles bien connu, M. Louis Witton, une «malle secrétaire», spécialement aménagée pour garder contre toute atteinte, toute indiscrétion, les pièces qui lui seraient confiées. L'ingéniosité du constructeur avait réalisé un meuble très pratique à la fois, et absolument inviolable.
La malle aux documents secrets de
la mission de Brazza.
Extérieurement, ce meuble ne semblait qu'une malle ordinaire, solidement construite pourtant, en bois bien sec recouvert de cuivre peint en vert foncé et consolidé par de solides bandes de renforcement en même métal, avec d'inusables poignées de corde permettant de la suspendre à quelque perche, à un bambou, pour le portage à l'épaule. Mais cette malle, placée sur une table supportée par quatre pieds en fer qui se repliaient à volonté, constituait, une fois en place, un véritable secrétaire, avec des casiers pour les dossiers, des tiroirs, un compartiment pour la papeterie, tandis que l'avant, s'abattant, formait pupitre pour écrire. Enfin, un mécanisme compliqué, dissimulé à la partie inférieure de la caisse, n'en permettait l'ouverture qu'aux seules personnes qui en savaient le secret: M. de Brazza et l'un de ses secrétaires. Et c'est dans cette malle qu'ont été rapportés tous ces dossiers qu'on a entre-bâillés trop tôt et que va examiner en détail, maintenant, la commission d'enquête nommée par le ministre des Colonies pour faire la lumière sur tous ces incidents du Congo dont on a tant parlé depuis quelques jours.
Il y a seulement quelque quinze ans, vétérinaires et médecins pensaient que la tuberculose était très rare chez le chien. On savait bien qu'il est facile de déterminer chez lui la tuberculose expérimentale, mais on considérait la maladie spontanée comme tout à fait exceptionnelle.
Or, il résulte des documents réunis par les vétérinaires de l'école d'Alfort que la tuberculose canine est au contraire très fréquente et qu'elle va progressant. En cinq ans, la proportion des chiens tuberculeux autopsiés à Alfort se serait élevée de 4,5 à 9%.
Le plus fréquemment, ces chiens tuberculeux viennent de chez les marchands de vin, cafetiers ou traiteurs de Paris ou de la banlieue, ayant vécu, ainsi que l'a remarqué M. Cadiot au récent Congrès de la tuberculose, «dans des milieux où les crachats infectants sont communs, et où le fréquent balayage des salles répand dans l'air les poussières virulentes». D'ailleurs, ainsi que le fait observer M. Landouzy, ce n'est pas seulement par les voies respiratoires que les chiens prennent les germes de la tuberculose, c'est encore par les voies digestives, alors qu'avides et voraces ils lèchent et avalent les matières virulentes jetées à la voirie ou versées sur les tas d'ordures.
Et voici comment, bavant sur les tapis, couché sur le lit des bébés, jouant avec les enfants qui se laissent lécher et embrasser, le chien peut entrer dans l'infection de certains foyers qu'on affirmerait, par ailleurs, se trouver à l'abri de toute contamination.
Le chien tue certainement, par la tuberculose, mille fois plus que par la rage.
Dans notre dernier numéro, nous faisions connaître une nouvelle application du papier, dont on faisait maintenant des bouteilles pour le lait.
Voici qu'on nous apprend qu'on en fait encore des tuyaux à gaz.
Le papier-manille est coupé on bandes d'une largeur égale à la longueur du tuyau à fabriquer, puis ces bandes sont passées dans un récipient rempli d'asphalte en fusion et roulées solidement et uniformément, autour d'une tige-noyau en fer, jusqu'à épaisseur désirée.
Le tuyau ainsi produit est alors soumis à une forte pression, puis recouvert extérieurement de sable. On refroidit ensuite le tout dans de l'eau.
Enfin on enlève le noyau et l'on enduit la surface extérieure du tuyau d'un produit imperméable.
Il paraîtrait que ces tuyaux sont parfaitement étanches et sensiblement moins coûteux que les tuyaux en métal.
Deux savants italiens, fort estimés, MM. Tizzoni et Bongiovanni, ayant fait voir que le radium détruit le virus rabique, M. A.-S. Jirnov, un praticien russe, a voulu voir si cette action est réelle et si l'on peut y compter. Il a constaté que l'on peut inoculer à des lapins et cobayes de la moelle rabique impunément, quand cette moelle a subi pendant douze heures au moins l'action du radium. Ce métal détruit donc bien le virus, car les animaux inoculés avec la moelle rabique non influencée par le radium succombent au mal. Mais peut-on employer le radium au traitement de la rage déclarée? Ceci est douteux. Ce qu'on peut faire, peut-être, c'est de traiter au radium la morsure envenimée qui vient d'être produite. Le médecin a, en effet, réalisé l'expérience que voici: il faisait à la peau des incisions qu'il frottait avec une émulsion de moelle rabique. Les animaux ainsi traités mouraient; mais, si l'on exposait les incisions à l'action du radium pendant trois heures, une ou deux heures après l'envenimation, les animaux se rétablissaient sans présenter de symptômes rabiques. Si donc, chez un sujet mordu par un chien enragé, on pratiquait quelques incisions au niveau de la plaie et si l'on faisait agir la radium sur celles-ci pendant trois heures environ, on serait en droit d'espérer prévenir le développement de la rage. On ne guérirait pas la rage déclarée, mais on empêcherait le mal de s'établir.
M. Carron de la Carrière donne, dans la Presse médicale, le résumé de la méthode par laquelle il traite, avec bon résultat, la migraine.
D'abord, il impose un régime alimentaire, le régime antiarthritique en général: défense absolue de boire de l'alcool; user d'eau, de thé; éviter les légumes acides. En temps de crise migraineuse, se mettre au régime végétarien mitigé: oeufs, lait, farineux, pas de viande.
Un remède intéressant aussi, qui est le chanvre indien. Il convient particulièrement dans les cas de migraine continue ou subcontinue. Le Cannabis indica se prend sous forme d'extrait; en pilules, matin et soir: dose, de 15 milligrammes à 3 centigrammes. Si cette dose n'agit pas, on peut, au bout de huit ou quinze jours, prendre 3 centigrammes le matin et 6 centigrammes le soir; et même 6 centigrammes le matin et autant le soir. Le chanvre indien a donné d'excellents résultats, et l'on peut en user fort longtemps. Un médecin en a pris une pilule de 15 milligrammes chaque soir pendant dix-huit mois de suite. Le mieux est d'user du médicament selon les indications fournies par les sensations: pour commencer, il est bon toutefois d'agir de façon continue, une pilule de 15 milligrammes, une fois par jour, le soir, pendant un an; en doublant la dose pendant quinze jours par mois si nécessaire. On fera bien d'ajouter au régime du chanvre indien la douche chaude: douche à 38° ou 40°, chaque jour, par séries de un ou deux mois. Naturellement, on cherchera aussi quels troubles fonctionnels accompagnent la migraine, pour y porter remède, troubles du foie, de l'estomac, des reins, de la matrice, du nez, des yeux, etc.; on cherchera à distinguer les causes provocatrices des accès de migraine, pour les écarter: température, vent, air vicié, etc. Enfin, une cure dans une station antiarthritique peut rendre les plus grands services.
Entrée de la rade de Sébastopol (vue prise de Malakoff)
d'après la photographie parue dans notre dernier numéro. Au fond, la
presqu'île portant le fort du Nord et se terminant, à gauche, par le
fort Constantin. Au-dessus du fort Constantin, le fort Nicolas, qui
ferme avec ce dernier l'entrée de la rade et, avec le fort Paul,
l'entrée du port Sud. Au centre, les docks compris entre les casernes et
le faubourg de Karbelna'a.
Nous donnions, la semaine dernière, à l'occasion du cinquantenaire du siège de Sébastopol, de très intéressantes photographies de la place forte, prises après la victoire des alliés et montrant les dégâts occasionnés par leurs projectiles. On sait, d'autre part, que ce fait d'armes a été commémoré par trois toiles fameuses du grand peintre militaire Adolphe Yvon, qui sont au musée de Versailles. Un de nos amis, qui connaît bien l'oeuvre d'Yvon, nous fait remarquer que l'un des clichés reproduits par nous donne exactement le fond même du tableau intitulé la Gorge de Malakoff. En effet, dans la composition magistrale d'Adolphe Yvon, on peut reconnaître distinctement, à travers la fumée et la poussière de la mêlée, les deux ouvrages avancés de Sébastopol du côté de la mer, le fort Constantin et le fort Nicolas tout au loin, terminant les deux promontoires; puis, en avant, ce haut échafaudage de charpente, qui portait sans doute un feu; les docks un peu plus près. Il n'est pas jusqu'à cette maison du plan moyen, éventrée à l'angle, qui ne soit aisément reconnaissable dans la toile. Et ainsi on peut juger de la haute conscience du peintre, du souci de vérité qui le guida toujours, et se rendre compte que, pour les artistes probes, le réalisme, au meilleur sens du mot, fut de tous les temps à la mode.
On sait qu'il existe dans la région de la Méditerranée une affection fébrile qui porte le nom de fièvre de Malte. Cette fièvre existe un peu partout dans le bassin de la mer Intérieure, et l'on était si peu renseigné sur ses causes, en même temps que préoccupé de son développement et de ses dangers, que le gouvernement anglais a nommé une commission spécialement chargée d'étudier ce problème. Cette commission vient justement de publier une brochure importante --la troisième de la série--et il semble que les commissaires aient mis la main sur un fait de grande importance. Ils paraissent avoir découvert le mode de propagation du mal, qui, jusqu'ici, restait absolument inconnu.
C'est un peu par hasard. Ils s'étaient demandé si la chèvre--animal très abondant à Malte--peut prendre la maladie, et s'étaient procuré six chèvres de deux troupeaux différents. Avant d'inoculer le micrococcus militensis, le microbe de la fièvre de Malte, ils eurent l'idée de voir quelle action le sérum du sang de chèvre exerce sur ce microbe. Ils constataient aussitôt le phénomène de l'agglutination des microbes par le sérum, preuve à peu près certaine ou bien que les chèvres avaient eu la fièvre de Malte, ou qu'elles y sont réfractaires.
Ceci les amena à étudier les chèvres au point de vue bactériologique, et ils ont constaté que, chez cet animal, on trouve communément le microbe spécifique de la fièvre de Malte en abondance dans les urines et dans le lait. Dans tous les troupeaux on a trouvé des chèvres présentant le microbe, et souvent en quantités énormes.
De ceci on conclut que la chèvre doit être un des agents de transmission de la fièvre de Malte les plus puissants. La chèvre est extrêmement abondante à Malte; on la trouve partout, en ville et à la campagne; vivant au voisinage de l'homme, elle a toutes facilités pour lui communiquer son mal.
Chose curieuse, il semble que la fièvre de Malte doive être considérée comme une maladie de chèvre qui peut se propager à l'homme; mais une maladie de chèvre qui ne provoque pas de symptômes bien définis chez celle-ci et qui ne paraît pas l'incommoder, mais qui, par contre, incommode fort l'homme. Si la chèvre doit être considérée comme la principale, peut-être l'unique source de la fièvre de Malte, il ne reste plus qu'à isoler et traiter les bêtes atteintes et, surtout, à proscrire absolument l'usage du lait de chèvre cru. Le lait doit être bouilli: le plus infecté devient, par l'ébullition, parfaitement inoffensif.
Si les faits annoncés par les bactériologistes se confirment--et il faut reconnaître que leur argumentation se tient très bien--ils auront rendu un service important à l'hygiène du bassin méditerranéen.
La gorge de Malakoff (8 septembre 1855), d'après le
tableau d'Adolphe Yvon, au musée de Versailles.--Phot. Braun, Clément et
Cie.
Au fond du tableau, à gauche, l'entrée de la rade de Sébastopol,
que le peintre d'histoire Adolphe Yvon, spectateur de la prise de
Malakoff, a scrupuleusement reproduite, ainsi que le montre la
comparaison avec le document photographique ci-dessus.
Paris va compter un hôte de marque» qui, bien que ne portant ni le titre de roi, ni celui d'empereur, n'en a pas moins qualité de souverain: le prince régnant de Bulgarie.
Fils du prince Auguste de Saxe-Cobourg et de la princesse Clémentine d'Orléans, Ferdinand Ier, aujourd'hui âgé de quarante-quatre ans, est, par sa mère, le petit-fils du roi Louis-Philippe. De son mariage avec la princesse Marie-Louise de Bourbon-Parme, morte en 1899, après six années d'union, il a quatre enfants: les princes Boris et Cyrille, les princesses Eudoxie et Nadejda.
N'ayant jamais oublié qu'un sang français coule dans ses veines, il aime beaucoup la France; depuis dix-huit ans qu'il est chef d'État, il y est fréquemment venu, plus ou moins incognito, et nombre de Parisiens n'ont pas besoin de son portrait pour connaître sa physionomie. Mais, cette fois, c'est officiellement qu'il accomplit le voyage, motivé, dit-on, par de hauts intérêts diplomatiques, et c'est avec tous les honneurs dus à son rang qu'il sera reçu à l'Elysée par le président de la République.
Le prince Ferdinand doit arriver à Paris lundi prochain, 16 octobre, et y séjourner trois journées pleines, dont la direction du protocole a réglé méticuleusement l'emploi.
M. Jean Bayol.--Phot. Fabre.
Le docteur Jean Bayol, sénateur des Bouches-du-Rhône, vient de mourir à Paris, succombant aux attaques répétées d'une maladie de foie qu'il avait contractée en Afrique.
Il avait, en effet, après quelques années passées, au début de sa carrière, dans le cadre des médecins de la marine, été fonctionnaire colonial et avait rendu alors d'importants services. Notamment, c'est à sa diplomatie que nous dûmes le traité par lequel le sultan du Fouta-Djallon se plaçait sous la suzeraineté de la France. Enfin, en 1889, devenu lieutenant-gouverneur des Rivières du Sud, il fut envoyé vers Glé-Glé, roi du Dahomey, qui nous cherchait querelle. Il reçut à Abomey le plus mauvais accueil et, devant l'attitude provocante de Glé-Glé, qui menaçait de le retenir prisonnier, dut signer une lettre acceptant les prétentions du roi nègre. Ce fut la cause première de la guerre du Dahomey, qui se termina, en 1892, par la victoire du général Dodds et la capture de Behanzin, successeur de Glé-Glé.
Quand il eut droit à sa retraite, M. Jean Bayol fit liquider sa pension et rentra en France. En 1904, les électeurs des Bouches-du-Rhône l'envoyaient au Sénat.
L'homme était charmant, fin, très cultivé. Il était poète dans l'âme et a écrit, en langue d'oc, des vers délicats, dont les lettrés provençaux font grand cas.
M. Gauthier, ministre des Travaux publics, effectue en ce moment un voyage d'études en Algérie et en Tunisie, et des visites à toutes les curiosités classiques du pays font nécessairement partie du programme de ce voyage d'où l'agréable ne saurait être banni, si sérieux que soit l'objectif que se propose le ministre. C'est ainsi que notre correspondant a pu photographier M. Gauthier au cours d'une visite qu'il faisait, sous la conduite de M. Stéphen Pichon, aux souks célèbres de Tunis.
M. Gauthier, ministre des Travaux publics, accompagné de
M. Pichon, gouverneur général, visitant les souks de Tunis.
--Phot.
Deconcloit.]
M. Henry Bourdeaux, juge d'instruction,
chargé de l'affaire Gallay
Phot. Pirou, boulevard Saint-Germain.
L'Amérique, enfin, nous a rendu Gallay, Mme Merelli, son amie, et la soubrette Marie Audot: dimanche dernier, aux approches de 6 heures du soir, le paquebot Cordillère, de la Compagnie des Messageries maritimes, les déposait tous trois aux quais de Bordeaux, en provenance directe de Bahia.
Nous étions allés, quelques-uns, au-devant d'eux jusqu'au delà de Pauillac, par le travers des coteaux fameux de Saint-Estèphe. Même, le bateau qui nous avait pris, de grand matin, au bas des Quinconces, emmenait aussi quatre fonctionnaires de la Sûreté chargés, en cas de besoin, de prêter, pour ce débarquement solennel, main-forte à leurs quatre collègues qui étaient allés cueillir outre-mer les fugitifs et qu'on pouvait supposer harassés d'une longue et étroite surveillance. Car comment s'imaginer, en vérité, si belle proie échappant, de manière ou d'autre, au châtiment au seuil de la patrie anxieuse?
LES TROIS INCULPÉS Jean Gallay,
Valentine Merelli et Marie Audot,
photographiés par le service
anthropométrique.
Notre traversée, à nous, d'une dizaine d'heures, ne fut pas ennuyeuse. Une fois sur la Cordillère, nous recueillîmes, de la bouche des passagers, leurs impressions sur les captifs. Dois-je avouer qu'elles n'étaient pas antipathiques? Ou bien nous allions écouter, à l'entrée d'une coursive obscure, des sons éloignés et grêles de guitare: c'était Mme Merelli qui charmait ses loisirs.
Sitôt à quai, bien vite nous sautions à terre et des objectifs se braquaient au bas de la passerelle par où nous supposions que devaient descendre les trois prisonniers. Mais il nous fallut attendre que les deux cents passagers de la Cordillère eussent quitté le bord pour voir apparaître sur le pont Jean Gallay, de noir vêtu, coiffé d'une blanche casquette de yachtman à bandeau noir. Le sous-brigadier Debishop marchait à sa droite et s'engagea devant lui sur la planche, tandis que le brigadier Donzelot suivait. Et alors, seulement, nous pûmes nous apercevoir que les deux hommes marchaient un peu près l'un de l'autre et que les pas de Gallay se réglaient bien exactement sur ceux de l'agent. La cause en était que le «cabriolet» reliait le poignet de l'escroc au poing de son conducteur. Mais quel tact mettait celui-ci à dissimuler cette situation délicate! Avec quelle gentillesse il tenait sa main gauche derrière son dos, d'un air désinvolte, afin qu'on n'aperçût pas la mince chaînette! C'était charmant!
Mme Merelli, qui parut ensuite, avait les mains libres, et deux collaborateurs de M. Hamard, l'un en avant, l'autre en arrière, escortaient cette petite personne fluette, souriante et sûre d'elle, au fin visage encadré d'onduleux cheveux bruns, que coiffait un large panama blanc, ennuagé de tulle clair.
Enfin venait Marie Audot, la camériste, grande, forte, affectant la placidité du juste.
Trois omnibus du chemin de fer recueillirent les voyageurs et les emmenèrent vers la gare Saint-Jean.
Le lendemain matin, ils débarquaient à Paris, à la gare du quai Saint-Michel, d'où ils étaient conduits à la Conciergerie.
Et, après la traditionnelle, la nécessaire formalité de l'anthropométrie, après un copieux déjeuner, ils comparaissaient enfin, l'après-midi, devant le premier de leurs juges, M. Henry Bourdeaux, juge d'instruction, magistrat aimable, homme du monde accompli, à qui incombe la tâche de débrouiller leur affaire.
Il y a de bonnes choses dans la Concurrente, de M. Jean Roy, jouée en ce moment au théâtre Molière: l'idée de la pièce est excellente si la mise en oeuvre témoigne de beaucoup d'inexpérience. La concurrente, c'est la femme dévouée et instruite qui, pendant la courte absence de son mari, un romancier à la mode que la débauche a momentanément privé de sa raison, continue l'oeuvre inachevée, sans dévoiler le mystère de sa collaboration, et triomphe au nom de l'époux empêché. C'est un triste homme et un pauvre fou que ce Maxime Cormière, car sa vanité surchauffée paye de la plus noire ingratitude la compagne admirable qui a sauvé sa dignité d'écrivain et son foyer.
Le théâtre de l'Ambigu a repris avec succès l'excellente pièce militaire de MM. Jules Mary et Georges Grisier: le Régiment; elle a fait autant de plaisir qu'il y a dix ans.
A l'Odéon, MM. Paul et Victor Margueritte plaident avec leur éloquence accoutumée un des points les plus controversés de la question du divorce; ils voudraient que le mariage pût être défait à la volonté d'un seul des conjoints, alors que la loi n'admet même pas le consentement mutuel. Dans le Coeur et la Loi, l'héroïne, exploitée par son mari, repoussée par les tribunaux, se réfugie dans l'union libre: le remède est peut-être pire que le mal, mais c'est affaire aux auteurs de convaincre le public du contraire.
Le théâtre Sarah-Bernhardt a monté avec beaucoup d'éclat le Masque d'amour, pièce en cinq actes et neuf tableaux de Mme Daniel Lesueur, d'après son roman bien connu. C'est une oeuvre touffue, mouvementée, bourrée d'incidents dramatiques. L'interprétation est bonne d'ensemble. Mmes Tessandier et Anne Ratcliff, MM. Krauss et Claudius, se font particulièrement applaudir.
M. L. Gandillot vient de réussir brillamment au théâtre Antoine avec une pièce toute différente de celles qui lui valurent tant de succès. Le premier acte de Vers l'Amour est exubérant d'entrain et de franche gaieté; c'est cependant la préface d'un drame humain très étudié et fort émouvant. On en jugera à la lecture--nous publions la pièce dans ce numéro--mais nous ne pouvons malheureusement donner une idée de l'interprétation qui est vraiment de premier ordre avec M. Grand, Mlle Rolly et tous les excellents acteurs du théâtre Antoine. A. de L.
NOUVELLES INVENTIONS
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La place dont on dispose dans les appartements modernes pour suspendre les vêtements de dames ou d'hommes est généralement fort réduite. Les armoires garde-robes sont minuscules, souvent peu accessibles à la lumière, si bien que l'on éprouve une certaine difficulté à choisir le vêtement désiré: la prise de l'un marque parfois la chute des autres.
Le portemanteau mobile, appelé «le Pratique» par son inventeur, est destiné à rendre plus commodes la suspension et la prise des vêtements, même lorsque l'emplacement qui leur est accordé est réduit et peu accessible.
L'examen des figures ci-jointes permet de saisir du premier coup ses avantages et son fonctionnement.
«Le Pratique» (fig. 1) se compose de deux pièces en acier nickelé ou poli; l'une de ces pièces, celle qui porte les crans destinés à supporter les portemanteaux proprement dits, est mobile sur la précédente, laquelle se fixe par des vis dans une position horizontale.
La figure 2 nous représente le porte manteau renfermé dans une armoire et portant une série de vêtements.
La figure 3 représente «le Pratique» tiré au dehors et permettant de choisir avec la plus grande facilité l'objet que l'on désire. Ce choix serait bien moins aisé dans la position de la figure 2; au lieu d'avoir les vêtements bien en vue et à portée de la main, il faudrait tâtonner et risquer de décrocher des effets autres que ceux cherchés. Il y a dans l'emploi de cet appareil une réelle économie de temps. Nous pouvons ajouter encore une grande économie de place. A l'aide du portemanteau «le Pratique», vingt complets ou robes entières peuvent trouver place dans une armoire de 1m,30 de hauteur sur 0m,45 de profondeur.
On gagne enfin un certain ordre et l'on protège les habits qui ne peuvent se chiffonner ni se détériorer. Il est d'ailleurs facile, de les amener à l'air et à la lumière lorsqu'on ne s'en sert pas fréquemment.
«Le Pratique» se vend à des prix variables, suivant grandeur et profondeur des armoires.
La grandeur n° 1, pour armoires de 0m,36 à 0m,42, vaut 4 fr. 50, 5 fr. 25 ou 6 francs, suivant que le métal est poli, cuivré ou nickelé.
Les deux autres grandeurs, de 0m,42 à 0m,49, et de 0m,49 à 0m,60 se vendent 5 francs, 5 fr. 75, 6 fr. 50; puis 5 fr. 25, 6 fr. 25 et 7 fr. 25, toujours suivant l'état du métal.
S'adresser à la maison Bader, le Locle (Suisse).
Note du transcripteur: le supplément mentionné en titre ne nous a pas été fourni.
End of the Project Gutenberg EBook of L'Illustration, No. 3268, 14 Octobre 1905, by Various *** END OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK L'ILLUSTRATION, NO. 3268, 14 *** ***** This file should be named 36596-h.htm or 36596-h.zip ***** This and all associated files of various formats will be found in: http://www.gutenberg.org/3/6/5/9/36596/ Produced by Jeroen Hellingman and Rénald Lévesque Updated editions will replace the previous one--the old editions will be renamed. Creating the works from public domain print editions means that no one owns a United States copyright in these works, so the Foundation (and you!) can copy and distribute it in the United States without permission and without paying copyright royalties. Special rules, set forth in the General Terms of Use part of this license, apply to copying and distributing Project Gutenberg-tm electronic works to protect the PROJECT GUTENBERG-tm concept and trademark. 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